A qui profitait la grève à la SNCF ?

Article : A qui profitait la grève à la SNCF ?
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18 juin 2016

A qui profitait la grève à la SNCF ?

affluence sur un quai, via Flickr
affluence sur un quai, via Flickr

J’ai vécu une situation de combat permanent et je n’en voyais pas le bout. J’ai tellement tiré la tronche à chaque fois que je me présentais sur le quai et que je voyais qu’il fallait encore se battre pour rentrer dans le train.

C’est la grève à la SNCF depuis quelques jours. Des jours qui semblent être une éternité. C’est une épreuve certainement partagée par une grande partie de tous ces usagers qui tentent le diable en prenant tous les jours les transports en commun. Même les jours ordinaires où il semble y avoir une certaine stabilité, il arrivait toujours des choses bizarres. J’étais donc convaincue que des événements plus que bizarres allaient survenir. Simplement je ne savais pas de quelles textures ils seraient. Aussi, contrairement à ce que les gens peuvent imaginer, l’annonce de la grève fut aussi une source de jubilation pour ces individus instables aux projets tordus.

Dans les premiers jours j’étais la plupart du temps confrontée aux odeurs attentatoires à ma sécurité nasale, via des aisselles à bout portant dégainant le meilleur de plusieurs jours sans douche. Pourtant moi, je prenais toujours la peine de rendre mon corps présentable, en prenant grand soin de ma bouche et de mes aisselles. C’était dommage de voir que certaines personnes s’en foutaient. De plus ils gigotaient, secouant toute la saleté. Et, quand venait le moment de gueuler un « poussez-vous ! », c’était le chaos total. Après quelques jours de grève, les visages étaient fatigués. Malgré tous les efforts de maquillage de certaines personnes, l’épuisement se traduisait assez facilement. Je partais une heure et demie plus tôt de chez moi, mais je faisais tout mon  trajet debout. Si j’avais de la chance, je pouvais m’adosser aux portes ou m’agripper à la barre centrale. La plupart du temps, je me retrouvais en sandwich, au bord de l’explosion. Avec la grève, au lieu d’un seul changement pour me rendre au boulot, j’en faisais quatre et surtout dans les même conditions. La partie triste du feuilleton, c’est l’air hagard de ces touristes perdus du RER B qui ne savaient pas quelle direction prenait le train. On les voyait rentrer dans le train précipitamment avec leurs valises et en sortir deux minutes plus tard quand quelqu’un leur soufflait à l’oreille « c’est en direction de Mitry Claye, Monsieur/Madame et non de l’aéroport ».

En ce mercredi 09 juin 2016 j’allais vivre en direct, la deuxième partie du feuilleton « grève à la SNCF ». J’allais découvrir ces personnes qui se délectent de la grève, qui attendent ces situations de désespoir pour mettre en œuvre leur projets machiavéliques.
Il faisait chaud et le monde à l’intérieur chauffait encore plus l’ambiance. Avec mon petit sac en bandoulière que j’avais acheté exprès afin de rentrer aisément dans le train, mon accoutrement de combat (jean et t-shirt sans maquillage, les cheveux en chignons et des écouteurs) j’étais encore prête pour la bataille. Sur le quai, je voyais très bien qu’il n’y avait plus de place et que je ne pouvais pas rentrer. L’expérience m’avait démontré des jours plus tôt que même à ras bord, il y avait toujours de la place. Et puis, je comptais sur la foule derrière moi pour rentrer. Je savais qu’elle me pousserait tellement que je rentrerais sans soucis. Cela se passa ainsi. Dans la mêlée tu ne choisis plus ta place, elle vient à toi, en fonction de la rotation des corps. Je me retrouvai donc en sandwich entre deux hommes. Pour ma part des géants. Ils m’avaient tellement serré que mes pieds touchaient à peine le sol. Je me sentais flotter. Je réfléchissais à la descente. Vivement que je ne me casse pas la figure. Emportée dans mes réflexions, j’entendis à quelques mètres de moi la voix d’une femme qui se plaignait. Elle criait même pratiquement. Ce sont des choses qui arrivaient souvent depuis le début de la grève, mais cette plainte était particulière.

Un Monsieur venait d’être démasqué, la braguette ouverte. Il s’était tellement frotter à la jeune dame qu’il y avait laissé des traces. Sa jupe était mouillée et tachée disait-elle, je ne pouvais pas voir car j’étais suspendue. Dans un mouvement de panique, tous les esprits féminins du train se touchaient les fesses pour se rassurer. Deux autres cris surgirent cette fois ci plus loin de moi mais ce fut les mêmes plaintes. Il y aurait donc un groupe assez bien organisé, qui, la braguette ouverte profitait avec toute la perversité possible de tous les frottements qu’engendraient la grève. Mais ce mercredi était la pire qu’ils passaient à mon avis, car, non seulement ils avaient été démasqués par les jeunes dames mais il y avait deux agents de la sécurité de la SNCF dans le wagon. A la prochaine station, les agents de la SNCF, les trois pervers et leurs victimes descendirent.

 

RER B, via BIGSTOCK
RER B, via BIGSTOCK

 

 

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Commentaires

kevin
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"Ils m’avaient tellement serré que mes pieds touchaient à peine le sol. Je me sentais flotter" Très bonne cette façon de décrire la horde de monde dans le train.....

Beauty
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Merci Kevin ça m encourage à pousser encore plus loin le bouchon