Notre première rencontre

Article : Notre première rencontre
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28 avril 2016

Notre première rencontre

A  la rencontre d'un frère,CandyBoxImages via depositphotos
A la rencontre d’un frère,CandyBoxImages via depositphotos

Je l’ai toujours imaginé sans jamais pouvoir mettre un visage mature sur la photo de bébé qui m’avait été envoyée cinq années plus tôt. Même au son de sa voix je n’ai pas pu le faire. Je ne pouvais que le voir pour trancher.Dans un coin affectueux de mon cœur, j’étais quand même convaincue qu’il aurait un beau visage à vingt-cinq ans. Mon inquiétude n’était pourtant pas la texture de son visage, elle se résumait plutôt à sa réaction. Même s’il a toujours paru enthousiaste à l’idée d’une rencontre lors de nos échanges téléphoniques, je suis tout de même pessimiste.

Ce sentiment fut vite balayé par le souvenir du jour où je pris connaissance de son existence.  Ma mère m’avait abandonné à mon sixième printemps à ma grand-mère et à mes tantes. Elle avait refait sa vie depuis lors. Elle m’informa un matin par un coup de fil que j’avais un petit frère. Il s’appelle Timothée.

Depuis l’abandon au coup de fil informateur je n’avais plus revu ma mère et elle ne cherchait pas à me voir apparemment. Mais pourquoi me parlait-elle de mon frère ? qu’attendait-elle de moi ? on dirait qu’elle me testait, qu’elle me poussait à bout. Mais rien n’en fut ; après quelques jours, je lui demandai une photo ainsi que le numéro de Timothée. Elle m’envoya une photo de lui datant du jour de son premier anniversaire ainsi que son numéro prétextant qu’elle n’avait pas de photo récente de ce dernier. J’appris par la suite qu’elle l’avait abandonné aussi mais communiquait assez souvent avec lui.

Cette rencontre avec mon frère, le seul à ma connaissance, signifiait beaucoup de chose pour moi. Cela dessine d’une part ma volonté de pardonner à ma mère et d’autre part celle de connaître mon frère, de tisser des liens d’amour et d’affection avec lui. Aujourd’hui mère de famille, j’avais conscience de la complicité fraternelle et du bonheur que cela pouvait procurer. Ne l’ayant jamais vécu, je n’en savais pas plus.

Pour cette première rencontre j’optai pour la sobriété. Un simple tailleur blanc et mon sourire pour seule parure. Ce sourire depuis cinq ans je l’aiguisais, l’entretenais, attendant le fameux jour pour le déballer. Je lui avais laissé le choix du lieu et de l’heure. Il m’avait envoyé la veille l’adresse d’un parc situé dans la banlieue sud de la ville, un endroit que je ne connaissais pas.

En cet après-midi de Juin, le soleil semblait encourager notre rencontre par sa luisance et sa brillance renversante. Au volant de ma voiture fraichement lavée pour l’occasion je réfléchissais. Assaillie par de nombreuses questions enfantant confusion, effusion et diffusion de sentiments. Les yeux larmoyants, les joues tremblantes, le nez s’effondrant sous la morve je pris conscience de l’imminence de la situation. Pendant une seconde  je voulais fuir. Mais si je fuyais je ne le verrais probablement plus jamais. Je refoulai subitement ce torrent émotif en voyant le parc se dessiner à l’horizon. Je fis quelques mètres encore et le cri joyeux des enfants m’accueillit. Il y avait un parking du côté gauche du parc, de nombreuses voitures s’y étaient déjà engouffrées mais je n’eus aucun problème pour trouver une place pour la mienne.

J’étais en avance d’une trentaine de minutes. Je pouvais me calmer et me détendre avant son arrivée. Je choisis un banc qui me semblait directement positionné sous le soleil.

L’heure approchait et mon cœur battait la chamade. Inconsciemment je touchais mes pieds, je les retenais presque. J’avais peur qu’ils ne commencent à courir abandonnant mon corps sur le banc.  Mon téléphone sonna, je vis son nom s’afficher, je répondis paniquer et lui indiqua mon positionnement. On raccrocha à peine quand je vis à cent mètres un jeune homme très grand, habillé tout en blanc avancé dans ma direction. A ce moment-là, peur et confusion s’envolèrent de mon être. Je me tins debout, droite, affichant mon sourire le plus grand et le plus beau ; malgré cela le sien était meilleur. Il avait un visage radieux, un visage parfait, une élégance que je ne voyais que chez mon époux. Son sourire était tellement grand que je le confondais à un rire. Il était là, devant moi maintenant les bras grandement ouverts, il m’enlaça sans permission, je l’étreignis à mon tour et puis quand il me dit « grande sœur ! te voilà enfin » je laissai libre cours à mes larmes, depuis longtemps retenues. Je ne pus que bafouiller entre dix mille sanglots « Timothée …Timothée.».

Ainsi  fut notre première rencontre.

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Commentaires

Fabien
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Histoire très touchante.

Fluxey
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Et très Émouvante

Beauty
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merci Damien

kevin
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J avoue que tu as assuré chère amie.ta du talent que tu m as jamais fait voir...courage

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